lundi 27 décembre 2010

le chant de Lola : début d'explication



Question : Avec Le Chant de Lola en introduction, Lola se présente comme une personne qui n'appartient pas à ce monde...

Le chant de Lola est à mettre en relation avec celui de Maldoror, le chant de la révolte de la jeunesse et de la victoire de la vie sur la mort.


Question: Mais Le Chant de Lola est un chant de mort.


Non, c'est le chant de la vie. Le chant de la vie est un cri, celui que nous avons tous poussé à notre naissance, celui de la femme qui nous a enfanté. Nous sommes nés dans les cris en hurlant. Par la suite, on exige que nous la fermions. Le chant de Lola est le cri de toute les formes de vie sur cette planète qui refusent d'être détruites, avilies bafouées, réduites à l'état de marchandise. C'est le cri de la vie contre cette civilisation inhumaine, basée sur l'assassinat de masse, l'exploitation, la prédation. Le modèle de développement de notre société est un crime non seulement contre l'humanité, mais un crime contre la planète entière. Lola sait qu'il y a des millions d'êtres qui attendent le moment ou il sera possible de fondre sur cette société et la détruire avant qu'elle ait tout exterminé. Pour de plus en plus de gens sur la planète, la mettre à bas est devenue la seule solution, un acte d'auto-défense. Souvenons-nous des Huns, les fléaux de dieu qui nous ont débarrassé de Rome, cet empire sanguinaire et corrompu jusqu'à la moelle.

Question: Comment vous est venue l'idée de faire d'une femme le personnage principal ?


Les femmes sont le levain de la libération. Elles portent la vie et sont la partie de l'humanité la plus asservie, la plus méprisée. Ce monde est dominé par les hommes, il ne rend personne heureux, les brutes dirigent, les doux sont écrasés, les gentils méprisés. Ce monde fonctionne à l'envers, ce sont les femmes qui le renverseront et le mettront à l'endroit.

Question: Quel est la différence de caractère entre Le Grécos et Lola?

Je viens de finir le Journal de la Commune mis en images par Eloi Vialat, alors la première réponse qui me vient à l'esprit est: il y a la même différence qu'entre le caractère d'Adolphe Thiers, un homme sans probité, une ordure intégrale, devenu comme par hasard président du conseil et bourreau du peuple des pauvres, et celui de Louise Michel, l'institutrice anarchiste, "La Vierge rouge" de la Commune.
Ce monde est morbide,
 il est dirigé par des banquiers et des marchands de canon qui sèment la mort et la désolation. Il faut être devenu dingue pour le trouver normal. En un sens, Lola est d'une santé mentale parfaite. Quelque soit la façon dont on juge ses actes, il faut admettre qu'elle a moins de sang sur les mains que la plupart des prix Nobel de la Paix.


Question : Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez écrit autant de scènes violentes?


La plus grande des violences est dans la négation de la violence
 Ce monde est d'une cruauté inimaginable. Je le dépouille de ces parures, de ses costumes Armani, des ses parfums Chanel, pour, à la suite de Sade, montrer sa vérité, son égoïsme, sa pure bestialité.
Question : Pourriez-vous nous parler du "rêve" de Lola?


Non.
Oui.
Dans son essai récent Indignez-vous ! Stephane Hessel déclare que l'indifférence est la pire des choses, qu'elle est le signe de la perte d'une composante essentielle qui fait l'humain. Le rêve de Lola est un rêve humaniste, érotique, divinement humain. Sous la cendre, il y a un monde de fraternité et d'enfants dans les bras de leur mère, des enfants rassasiés, qui rient, perlés de sueur.


Question : Après "La Vieille Dame qui... ", vous nous présentez Lola dans un style très différent.

Oui. J'ai mes périodes... comme Picasso, mais elle sont toutes en empathie, en identification avec les déviants, les révoltés, ceux qui refusent et dénoncent.

Question : Comment travaillez-vous vos sujets de romans ?

Ils s'imposent à moi. Ce sont des sujets d'amour donc de haine. Il faut savoir haïr pour savoir aimer. Les gens qui n'éprouvent pas de haine, c'est tout simplement qu'ils ne savant pas aimer. Ils sont aussi plats et secs que des limandes, il faut une sacrée sauce pour les rendre intéressant. Pour la haine , j'ai ce qu'il me faut en stock, je lis le journal pour ne pas qu'il s'épuise. Pour l'amour, je suis bien fourni aussi, mais je suis le conseil de Michel Onfray et lis les philosophes qui ont compris qu'un autre monde est non pas possible, mais vital.