Natural Enemies, de Julius Horwitz – éd. Baleine
Réédition, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne de Vogüé, 290 pages, 13 euros.
5*****
Quarantenaire new-yorkais fortuné, Paul Steward décide un beau matin qu'en fin de journée, il assassinera sa femme et ses enfants avant de retourner le fusil contre lui. Du lever du soleil jusqu'à la nuit, Julius Horwitz raconte son dernier jour, exploration du malaise d'un homme qui avait pourtant tout pour être heureux. Ecrit en 1975, ce roman glaçant dépèce le rêve américain agonisant, où la réussite matérielle ne parvient plus à dissimuler le reste : frustration, névroses, dépression… La "terreur de vivre" a supplanté la peur de mourir. Habité par une extraordinaire tension, le récit de Horwitz est d'une perspicacité telle que l'on prierait presque pour qu'il se taise, tant il réussit à trouver en nous un écho aux sentiments obscurs qu'il manie. Natural Enemies a l'envergure des plus grands romans noirs, de ceux qui fascinent et terrifient dans un même souffle, et dont la beauté désespérée vous marque à jamais.
Mikaël Demets